Colloque droit de la famille organisé en 2006 par l'Association de Juristes en Polynésie française

Evolution de la société

Question : Je vais m’adresser à vous M. YAZDANI un peu en écho à ce vous disiez tout à l’heure avant de partir. Vous dites qu’il y a un gros impact pour que les familles retrouvent une sérénité pour l’avancée sociale du pays, mais je pense que ce n’est pas que pour la Polynésie, c’est sûrement vrai ailleurs. Vous dites que la société évolue de la façon suivante : il faut que la société s’adapte à la femme qui travaille, lui permette d’exercer une profession mais aussi d’être mère. Vous avez dit tout à l’heure, l’homme a du mal à s’adapter à cette nouvelle situation. Pourquoi l’homme a-t-il tant de mal à s’adapter à ce nouveau type de société ?
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M. YAZDANI : Parce que depuis le début de l’histoire humaine, cela n’a jamais été comme cela. L'ère de la brutalité et de la force physique est dépassé; on est dans l'ère de la finesse, de l'intelligence et de la sensibilité, domaine où les femmes excellent. C’est une nouveauté qui nous arrive. Ce changement est inquiétant pour certains, car il faut s'adapter. C'est peut-être la promesse des Saintes Ecritures qui est en train de se réaliser. La Bible commence avec la Genèse : « Tu enfanteras dans la douleur ». Mais lisons dans la révélation de Saint Jean parler de la nouvelle Cité de Jérusalem (Le mot "Jérusalem" veut dire la Cité de la Paix, et non le Jérusalem qui est en train de se déchirer) et Jean annonce « Il n’y aura plus de peine ni de douleur et Dieu vivra parmi les hommes, et Il essuiera les larmes de leurs yeux» (Apocalypse 21:1-4). On aime s’attacher à dire que la femme doit enfanter dans la douleur, mais on oublie de dire que Saint Jean annonce qu’un jour il n’y aura plus de douleur. Alors, travaillons vers cette promesse, plutôt que de nous fixer sur ce qui était établi il y a deux mille ans. Avançons dans ce sens là. Je pense que nous sommes en train d’avancer. Quand on voit que dans la loi anglaise, jusqu'à en 1970 on avait encore gardé un texte de loi qui disait que l’homme avait le droit de battre sa femme mais à condition que le bâton ne dépasse pas un pouce, (rires)… et pourtant c’est une grande démocratie, un pays parmi les inventeurs de la démocratie, les Anglais, cote à cote avec les Français. Et pourtant cela persistait encore récemment dans le Code des lois. On commence à supprimer ces choses. Il faut évoluer et s'adapter. Il faut réinventer la nouvelle famille. J’ai un ami proche dont l'épouse était infirmière. Quand il a fait ses études d’ingénieur, elle travaillait. Ensuite elle a eu trois enfants dont il s'est occupé. Puis il a commencé a travailler comme ingénieur et elle est restée à la maison pour garder les enfants. Et ensuite il a voulu faire un troisième cycle, un doctorat. Elle est retournée au travail et lui, il s’est occupé des enfants en faisant ses recherches à la maison. Puis elle s'est arrêté de travailler pour rester au foyer, et lui, il enseignait Nous pouvons faire des familles à géométrie agréable, (rires), … oui, agréable et variable. Pourquoi se figer sur l'idée que "si je reste à la maison pour m’occuper de mon enfant, je suis un nul, je suis une femmelette", etc. ? Pourquoi veut-on fixer absolument un rôle imposé de l’extérieur ? Si nous avons envie, si nos familles ont envie, de s’organiser de cette autre façon, faisons le intelligemment. Pourquoi se sentir prisonniers d’un certain schéma figé de rôles pour les femmes et pour les hommes ? Ce schéma est dépassé, mais on peut récupérer dans les traditions ce qui est bon. Je ne dis pas qu’il faille tout jeter, mais il ne faut pas garder les traditions qui sont dépassées. Il ne faut pas jeter l’enfant avec l’eau du bain, mais il ne faut pas garder l’eau du bain sale. On jette l’eau sale du bain, et on remet de l’eau propre. (Rires et applaudissements).